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vendredi 6 décembre 2013

Chronique AaOo #2 : L'espion nage dans le flot d'info.

Salut à vous, lecteurs et amis des péripéties du Chronicoeur Haineux.
Avec à peine plus d'un petit mois et demi de retard je publie enfin ma deuxième contribution à la revue AaOo.
Pour l'histoire, il s'agit d'une revue d'image et de texte qui compile les oeuvres d'une quantité non négligeable d'auteur de la région, publiée par les édition AnCRÉe et qui se vend à un prix modique de 6 euros. Si vous souhaitez plus d'info, n'hésitez pas à faire un tour sur leur site : http://www.sangd.fr/AaOo/aaoo.php.
Il ne me reste qu'à vous souhaiter bonne lecture et à bientôt!
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Bonjour à tous.
Personne ne contestera que nous vivons dans une période de l'histoire humaine quelque peu étrange.
Bien sûr, je ne parle pas des bagnoles, des matchs de foot ou des politiques incapables et inutiles comme révélateurs de cette incongruité car, de tout temps, ces choses-là ont existé, de l'empire Romain au cité Aztèques, en passant par la Lorraine avec ses gros sabots.
La particularité de notre siècle réside dans le pouvoir que nos sociétés donnent aux informations. Évidemment, dit comme ça, une information ce n’est pas si méchant que vous vous dites, pas de quoi s’alarmer! Regarde, moi j’en ai tout le tour du ventre des informations et je ne suis pas pour autant malheureux. Allons mon pépère, calme toi donc et reprend une verveine.
Alors et d’une, je ne saurais tolérer ce genre de familiarité de la part d'un malotru qui a du me lire une fois ou deux assis sur le trône à défaire. Non mais franchement, “mon pépère”, est-ce là une façon de traiter le commanditaire d’épiphanie que je suis. Un peu de respect tout de même.
Et deuzio, si vous n’êtes pas encore convaincu que notre ère se différencie de la précédente par le fait que les données ont une importance capitale, je vous suggère de vous passer définitivement de tout matériel informatique pour voir. Faite l’expérience vous-même si vous voulez une preuve supplémentaire de notre asservissement à ces machines.
Prenez un con standard, possesseur d’un téléphone hors de prix, et demandez lui de vous autoriser à  l’emprunter pour passer un coup de fil à votre mère souffrant d’un cancer métastasé pour que vous puissiez lui faire vos adieux. Si votre mère n’a pas de cancer, vous trouverez bien quelqu’un dans votre entourage suffisamment malade pour que votre interlocuteur se sente obligé de vous laisser utiliser son précieux appareil.
Une fois ce dernier en main, regarder votre contemporain droit dans les yeux et balancer son nouveau jouet tactile sur le sol pour le mettre en pièce. Au besoin, piétinez les restes de plastique et de silicium pour être sûr que son utilisation soit compromise.
Et bien, avant que son propriétaire ne se mettent à hurler des insanités ou qu’il vous réarrange le portrait façon compression de César, vous verrez dans son regard une détresse semblable à celle de l’enfant qui vient de faire tomber sa crème glacée sur le sol.
Certes, la perte de l’objet en soit peut à elle seule provoquer une réaction similaire, mais c’est bel et bien le fait que celui-ci contienne quantité d’informations exploitables qui rendra cette expérience riche en enseignement et légitimera la rupture de toutes relations sociales avec l’individu en question ou les trois mois d’hôpital qui suivra immanquablement votre trauma crânien.
Là où la chose est remarquable c’est qu’une information en soit ne vaut rien. C’est son exploitation qui permet d’en extraire un intérêt, un peu comme pour un ouvrier en somme. Et pour exploiter des données, nul besoin d’en être le détenteur. La preuve, le plus fameux des livres de portraits se fait un blé considérable sans jamais détenir en son nom la moindre petite donnée vous concernant. Simplement, contre leur stockage et la possibilité de les partager avec des “amis”, Facebook en exploite une partie pour faire de la pub et donc engranger des brousoufs sur votre dos car jamais vous ne verrez la couleur des billet verts que la compagnie fait fructifier. Or un problème survient quand on veut vraiment savoir à qui appartient les données. À celui qui les produits ou à celui qui les utilise. Et si la propriété n’est pas la jouissance exclusive de l’usufruit, comment que c’est-y qu’on fait pour bien pour prouver qu’elles nous appartiennent. Et, enfin, comment une entreprise peut-elle faire du pognon sur ces informations sans demander à celui qui les produit l’autorisation de s’en foutre jusqu’au cou sans lui verser un kopeck en lui proposant en compensation de faire exactement ce qu’il pourrait faire dans la vie de tous les jours en usant de sa propre personne plutôt que de son avatar virtuel?
Là-dessus je ne vois que deux solutions. Soit les données sont de caractère privé et leur exploitation est soumis à licence et donc à un droit de regard de la part de celui qui les possède. Soit on rend toutes les informations libre et c’est l’anarchie! Et va faire du blé avec l’anarchie quand tu t’appelles pas Julian Assange ou Pirate Bay!
Question délicate, certes, mais dont je n’ai pas la réponse. Il me semble cependant qu’à l’heure où un informaticien, Edward Snowden, révèle un scandale plus pertinent encore que celui du Watergate sans pour autant déclencher l’ire et l’indignation de ses compatriotes, elle a le mérite d’être posée. Car finalement, est-ce vraiment nécessaire de dépenser des milliards à surveiller un troupeau de mouton qui passe son temps à observer les moindres faits et gestes de l’ensemble de ses membres?
A bon électeurs, salut!


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