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mercredi 23 février 2011

Douce drogue.


Bonjour à tous.

Oh putain je suis en manque là. Ça va faire une semaine et demi que je n’ai pas eu ma dose de scandale et je commence à avoir des sueurs froides, les dents qui grincent et les mains qui tremblent. Je réalise que je suis un drogué. Je ne me satisfais même plus des frasques ministérielles qui avaient, à la belle époque, le don de me foutre dans une colère noire et de motiver mes envolées délirantes sur les meilleures façons de castrer un responsable politique qui sort des clous ou de clouer l’indigent fonctionnaire qui se casse trop au pilori de veau.

Tout a commencé il y a un peu moins d’un an. Je ne faisais encore que balbutier dans l’éructation scribouillarde et, à l’instar d’un certain biographe à implants, je recopiais allègrement des pans entiers des œuvres de mes idoles qui disaient mieux que moi et en substance le fond de ma pensée puérile et malsaine. Ha caca la politique, ha pas beau la guerre, ha n’aime pas les gens. Or, c’est grosso merdo à la même période que les prémices de ce qui allait devenir l’affaire Bettencourt-Banier-Woerth-Sarko-UMP, aussi appelée par les spécialistes de la prononciation d’acronymes l’affaire bbwsu, faisaient timidement leur apparition sur ce site internet, dealer de scandales d’état et fournisseur officiel de mes ulcères matinaux, j’ai nommé Médiapart.

Comme tout le monde, j’ai d’abord commencé par des petites doses gratuites. « Essayez pendant trois mois pour 0€ » scandait le panonceau sur la page d’accueil. Et puis ça ne peut pas être méchant, me dis-je, c’est des professionnels, de toute façon au bout de trois mois si ça ne me plaît pas, j’arrête. Quoi qu’il arrive cela ne m'engageait à rien, me rassurais-je, car si j’avais déjà réussi à me passer des charmes empoisonnés de la fée télévision pendant une paire d’années, je ne risquais pas de retomber de sitôt dans une autre addiction. C’est vrai ça, un fumeur qui se débarrasse de ses clopes pendant deux ans ne va pas se ruer sur un revendeur de coke, d’amphétamines ou d’héroïne sous prétexte que ce dernier fournit des échantillons gratuits à chaque dose achetée.

Toujours est-il que le lendemain de mon adhésion à ce repère de sinistres personnages subversifs, je recevais la première newsletter m’informant des titres de la première page qui allaient précipiter ma descente aux enfers. Il s'agissait du feuilleton politico-judiciaire cité plus haut. Ce fut l’engrenage. Vous savez ce que c’est, d’abord on lit l’encart descriptif, puis la première page, puis l’ensemble de l’article, et on finit par se farcir le dossier complet et acheter des bouquins qui nous détaillent tout de l’affaire, du petit déjeuner de Liliane le 18 avril à l’état de ses selles à la fin de la journée.

Tout bascule le jour où l’on cesse d’être simple observateur et que l’on devient acteur. Je me suis mis à rédiger de véritables pamphlets sur les déboires du Ministre du travail, raillant sa défense maladroite et les sacrifices qu’il avait dû concéder pour obtenir de la riche héritière les deniers qui servirent de financement à la campagne sarkosienne. Quand on sait ce que le photographe F.M. Banier à du faire avec son télé-objectif escamotable pour soutirer deux malheureux millions à grand-mère Liliane, on comprend qu'Éric ait préféré taire ces embarrassantes rencontres mondaines car, autant le ravalement de façade quotidien à grand renfort de crème effet lifting a permis à une vieille peau de 80 balais de conserver le teint d’une jeune fille de 60, autant, comme souvent avec les bâtisses de cette époque, les murs tiennent mais la plomberie suinte et manque d'entretien.

Bref après Bettencourt, ce fut Karashi, un régal. Des morts partout, de la corruption légale, des financements de parti un peu moins, un goitre, des enquêtes verrouillées, ça coco c’est du scandale qualité cristal. A consommer avec modération si vous ne voulez pas finir par avaler votre langue ou vous étouffer dans votre vomi en pleine overdose. D’ailleurs après ce trip, difficile de trouver mieux. J’ai bien essayé des trucs chimiques mais le Médiator c’était pas assez fort. En ce qui concerne les scandales pharmaco-politiques, rien ne vaut une bonne vieille affaire de sang contaminé.

A un moment j’ai commencé à manquer de substance. Médiapart ne satisfaisait plus mes pulsions. J’ai donc tenté de me fournir ailleurs, dans la presse papier par exemple (Canard Enchaîné, Fakir) ou encore en émission de radio comme "Là-bas si j'y suis". Mais là c’est comme pour toutes les mauvaises cames, quand t’as goûté à la perfection elles ne te font plus aucun effet.

Et puis je suis navré mais une Florence Cassez, ça ne vaut pas une Ingrid Bétancour, un voyage de MAM en Tunisie ne vaut pas deux minutes du discours de Dakar, la mise en liberté prématurée du meurtrier de Lætitia n’équivaut pas les 15 innocents en prison d’Outreau et Kadhafi bombardant son propre peuple n’égalera jamais le même plantant sa tente dans le jardin de L'Élysée.

Résultat j'erre comme une âme en peine, à la recherche de ma dose quotidienne. J’ai même essayé de violer une vieille dame handicapé, de la découper en morceaux, et de faire accuser un ami qui vient de sortir de prison. Mais bon le cœur n’y était pas, je ne suis définitivement pas de ceux qui savent fabriquer la drogue mais bel et bien de ceux qui se régalent à la consommer.

A présent il faut que je vous laisse, je vais commencer une cure de désintoxication. On m’a parlé d’une chaîne de télé où jamais un scandale n’éclate, où les affaires sont qualifiées d’épisodes, et où le président ne cesse de nous dire que tout va bien. Et puis je ne risque
rien, ce n'est pas de la télé… c’est TF1.

1 commentaire:

julie a dit…

ouhlala je suis en manque ça fait 4 jours que je n'ai pas lu de nouvelle chronique de monsieur Chronicoeur… aïe aïe…
bon, demain j'arrête, mais en attendant, je m'en grillerais, euh lirais, bien une dernière !

la bise beauf'

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