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mercredi 16 février 2011

Chronique d'un billet avorté.


Bonjour à tous.
Comme cela arrive souvent aux gens pleins de talent, j'ai un manque d'inspiration totale concernant la chronique de ce soir. J'ai eu beau parcourir les colonnes des journaux, m'abreuver toute la journée d'émissions politiques ou du moins qui prétendent l'être et me coller en intraveineuse france info, lci, itélé, bloomberg, bfm, rien n'y a fait.

Du coup je pense que je vais raconter ma journée, ça m'évitera de parler de la campagne des cantonales dont tout le monde se fout ou de celle des présidentielles qui accapare déjà l'ensemble des professions médiatiques.

Ce matin donc je me lève, à la bourre comme il se doit, enfile chaussettes, caleçon à la propreté plus que douteuse et vêtements encore fumants de la veille pour me ruer vers l'arrêt de métro le plus proche avec la démarche aisée d'un Pierre Richard. J'arrive au boulot relativement en sueur et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir les locaux complètement changés ; disposition des meubles, couleur du papier, lumière blafarde, jusqu'à la secrétaire de direction qui se voyait affublée d'une veste à col Mao du plus mauvais effet sur sa poitrine opulente.

Mal réveillé, ces détails ne me choquent guère et je me dirige vers mon bureau bien décidé à y passer les cinq premières heures de la journée à siroter mon café dans la chaleur réconfortante de cet office sans âme.

Je me débarrasse de mon barda, allume ce que je crois être mon ordinateur, et me faufile entre les ombres de mes collègues, que je salue machinalement sans bien comprendre leur réponse. J'arrive devant l'emplacement prévu pour la machine à café et là, horreur, ô damnation, la voilà remplacée par une bouilloire à eau et des sachets de thé vert menthe.

J'étouffe un cri d'horreur quand soudain, je réalise que je me suis trompé d'entreprise et que la brume matinale m'avait conduit vers l'atelier clandestin situé au sous-sol de notre immeuble. Ouf, tout ça n'est qu'un quiproquo, je tourne les talons et me glisse jusqu'à la machine à coudre à côté de laquelle j'avais entreposé mes affaires.

Aussi discrètement qu'un présidentiable entouré de flics en visite dans la cité des 4000, je parviens à atteindre la porte de sortie quand une main gargantuesque se pose sur mon épaule, affaissant un peu plus ma position voûtée d'homo informaticus. Avec effroi, je pivote ma noble tête pour me retrouver face à la matrone que j'avais confondue à mon arrivée. Elle arbore un sourire glaçant, et je frissonne à l'idée que l'un des boutons de son chemisier cède sous la pression, risquant de m'amputer d'un œil ou d'une oreille.

Elle me soulève sans encombre et me jette sur la chaise que je fuyais plutôt en hurlant dans un dialecte barbare ce que je devine être des ordres. Je me mets au travail sans tergiverser en repérant les tours de garde pour me carapater.

Au bout de deux heures, je ne sens plus mes mains. Et les rondes de nos cerbères sont si proches qu'on eût dit qu'ils pratiquaient la chenille. Je ne pourrai jamais sortir d'ici.

Conscient de mes atouts, je tente d'user de mes charmes pour séduire l'ogresse qui semble régner sur cette fabrique de vêtements discount. Je rate exprès un point de croix d'un maillot tricolore de foot et attends patiemment que la chef vienne me vilipender. Quand j'entends les vitupérations dans mon dos je tente le tout pour le tout et me mets à danser nu sur l'établi en me déhanchant comme un beau diable. Mon spectacle fait son effet, la patronne m'assomme d'une baffe et me traîne par les cheveux dans son bureau.

C'est depuis ce dernier que j'écris ces quelques mots sur un clavier aux touches incompréhensibles, profitant de l'absence de la maîtresse des lieux. J'ai froid, j'ai faim, j'ai peur et surtout je n'ai pas de vaseline. Si quelqu'un trouve ce message au hasard d'une visite, appeler l'ambassade d'urgence ET SORTEZ MOI DE LA.....

Mon dieu, j'entends la porte qui s'ouvre... Non ce n'est pas ce que tu crois. Je peux tout t'expliquer. Oh non, je t'en supplie, pas encore le manche à balais. HAAAAAAAAAAAAAAAA................

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