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lundi 10 janvier 2011

Les pines de la rose.


Bonjour à tous.

Ah, comme les phrases sont belles et bien dites quand vient l'heure du recueillement. J'ai toujours été fasciné par cette étrange coutume que l'on a l'habitude de célébrer sous nos latitudes où les catholiques s'expriment sans vergogne, à savoir, les anniversaires de la mort d'un personnage connu. Aussi loin que remonte ma mémoire, dans ma famille on célèbre les morts le jour suivant la Toussaint. Une fois par an on fait le tour du cimetière qui se remplit inexorablement en comptant combien de caveaux devront sauter pour que toute la famille soit enterrée les uns sur, sous et avec les autres. En général je n'y participe pas car j'ai du mal à être triste dans les cimetières. En vérité mes plus belles escapades romantiques et adolescentes (ce qui constituera une magnifique oxymore convenons-en), ont commencées à fleurir là où tout finit par pourrir. Je me rappelle de ces pauvres jeunes écervelées qui croyaient dur comme fer aux forces de l'esprit tout en en étant dépourvues et qui, vêtues de guenilles à la noirceur approximative, me traînaient jusque dans les catacombes humides qui sentaient bon le formol pour convaincre mon cerveau cartésien imperméable à toute forme d'obscurantisme, que le coin était hanté d'une présence malfaisante qu'il ne fallait jamais au grand jamais appeler trois par son prénom.

Pour ma part, je jouais régulièrement les candides un rien apeuré mais droit dans ses baskets afin qu'au moment fatidique où, seul dans une crypte, la lumière crépusculaire de la lune enrobant nos deux corps, elle, prononçant l'ultime syllabe d'un nom à particule, moi, me faisant discret pour l'effrayer au point que la pauvre enfant laissait souvent échapper un goutte d'urine mêlée de phéromone à l'odeur caractéristique des grands frissons d'extases, la pauvre ingénue succombait à mon charme achilléen (d'Achille le demi-dieu à la semelle orthopédique, à ne pas confondre avec le demi-homme à talonnette se prenant pour un dieu).

Toujours est-il que désormais, en souvenir cette douce insouciance de mes années acnéiques où l'obscurité m'offrait enfin une chance de pouvoir découvrir les choses de l'amour, dès que j'entre dans un cimetière je suffoque, tremble, sue, rougis, et ma gorge se noue pour retenir le fébrile râle de plaisir que me procure ces réminiscences orgasmiques morbides. Ainsi je suis dans l'obligation de laisser la place à mes grand-mères respectives que je n'accompagne qu'à la porte des lotissements à tombeaux car j'imagine mal ces rudes femmes immigrées, élevées à la dure comme savent si bien le faire la guerre et la faim, comprendre que leur petit fils bande au moment où elles se penchent pour fleurir la tombe de leur mari.

Pour en revenir à mon propos, je ne pige pas bien pourquoi on célèbre la vie d'un personnage important, en particulier s'il s'agissait d'un homme politique, à l'anniversaire de sa mort. Il faut avouer que la situation ne manque pas de saugrenu. Pourquoi ne pas célébrer le jour de sa naissance, comme on le fait souvent pour les très anciens compositeurs. Non ! pour les hommes politiques c'est la mort ou rien. Mais alors il ne faut pas s'étonner que tous ses partisans, plutôt que profiter de l'occasion pour se dérider un peu en se rappelant que "Ah le François c'était quand même autre chose", "Tu te rappelle Mazarine quand il t'avait offert un vrai militaire pour jouer avec alors que la plupart des enfants ne recevaient que des figurines en plastique.", l'ensemble des convives cintrés dans leur costume sinistre ne se mettent qu'à ressortir les vieilles histoires de familles. Et l'une d'affirmer qu'elle était sa préférée, et l'autre de lui rétorquer qu'on ne balance pas ça en de pareilles occasions, un autre encore qui fait la gueule parce que qu'il a sorti une grosse connerie pour faire parler de lui, et chacun de passer de la Valls Royale des grands égaux, Aubry collage des primaires, en passant par d'i MonteBourg pif et DSK motage des bonnes idées Hollande main des célébrations.

Mais ne vous méprenez pas, je taperais aussi bien sur l'autre guignol qui va se répandre en hommages grandiloquents à tous ceux qui l'ont ou l'auraient combattu s'ils n'avaient pas eu l'outrecuidance de mourir avant son élection. Et vas-y que j'essaie de rapatrier Aimé Césaire, poète célèbre pour sa définition de la négritude, pour l'enterrer au panthéon alors que mon caniche chauve auvergnat expédie à grand coup de pompe dans le cul tout ce qui ressemble de près ou de loin à un Banania sans papiers et sans fez. Et que je rencontre le fils De Gaulle à Colombo de poulet aux deux Réglisses pour faire comme si j'étais proche des valeurs de cet illustre libérateur de la patrie, alors je m'illustre à libéraliser comme un dingue pour faire plaisir aux patrons. Et que je vais me pavaner sur la tombe de Seguin ancien premier Magistrat de la cours des comptes qui ne cessait d'épingler ceux de l'Élysée en couinant, une main sur le cœur, et souriant l'autre sur le porte monnaie.


Je ne suis pas un adepte du "tous pourris" mais, m'est avis que la plupart des ces crevures de vampires à idées ne mettront pas longtemps à se décomposer une fois en terre vu la déliquescence dont ils savent faire preuve quand il s'agit de faire croire à du chagrin.

Et pour finir sur une note positive :


Pendant que des mortels la multitude vile,

Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,

Va cueillir des remords dans la fête servile,

Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici.


(extrait de « Recueillement » Baudelaire).

1 commentaire:

Maxime a dit…

Elle est vraiment pas mal celle-là :)

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