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mardi 22 mars 2011

Laissez les donc, Marine est là.


Bonjour à tous.

Bon ben puisque vous insistez je vais parler des cantonales. Et ce n’est pas de gaîté de cœur, croyez-moi. Non, parce que vous imaginez bien que blablater pendant des lignes sur une fonction qui sera supprimée d’ici 2014 avec l’application de la réforme territoriale et qui mobilise moins d’imbéciles dans l’isoloir qu’un derby PSG-OM ne fixe de connards devant leur lucarne aussi plate que les programmes qu’elle diffuse, ne constitue pas nécessairement la sinécure dont mon cerveau fatigué aurait grand besoin en ces périodes de troubles.

Et puis, il est difficile de se réjouir de la défaite sans précédent de l’UMP quand on voit qu’il s’agit en fait d’une victoire du FN. C’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein. N’empêche que pour moi, la majorité, la seule, la vraie, c’est celle qui ne s’exprime plus. Selon les calculs, 55 % de Français se lavent les mains de savoir qui va les représenter dans les conseils généraux. Et pourtant, les efforts de nos politiques pour s’agiter et essayer de nous bouger les fesses sont estimables. Mais peut-être que les gens ne sont pas si cons et si désintéressés qu’on le croit. D’ailleurs, comme la plupart regarde la télé, ils le savent que finalement il n’y a qu’un seul poste politique en France, qu’une seule personne qui se charge de tout, et par conséquent, qu’il n’y a qu’une seule élection qui ait un semblant d’impact sur leur vie de tous les jours, c’est celle du président de la République. En tout cas, c’est ce que Sarko, avec sa présence médiatique jusqu’à l’overdose, enseigne aux Français depuis presque quatre ans. Comment voulez-vous que les électeurs se déplacent pour le péquin de base, dont l’anonymat est tel que même sur les marchés, où la forêt amazonienne se répand en tracts de papier glacé figeant des promesses intenables, on le renvoie chier comme le premier militant venu.

Enfin il existe au moins un avantage conséquent à ces manifestations intermédiaires de démocratie entre deux élections royales, c’est que pendant le scrutin, la loi impose aux journaux et politiques de fermer leurs gueules pour éviter d’influencer les quelques grands-mères gâteuses et fanatiques encartés qui votent aussi droit qu’ils pensent étroit. Chose étrange tout de même, le seul jour où le débat n’est pas confisqué par les élites et a l’opportunité de devenir populaire est celui où l’on est censé avoir fait son choix, irrévocable et sans concession. Et le problème est que comme personne de connu n’en parle pendant ces 24h, on en vient à imaginer une loi du silence tacite à l’entrée des bureaux de vote. Autant je comprends la nécessité de l’intimité de l’isoloir ; si un incongru se penche sur votre épaule en ricanant du fait que vous glissiez dans votre enveloppe citoyenne un bulletin de Dupont-Aignan cela peut pousser à voter plus utile ou moins ridicule ; autant je ne saisis pas la trouille soudaine de prosélytisme qui s’empare des organisateurs dès que quelqu’un émet un avis ou une opinion à moins de 50m d’une urne. Je me souviens m’être fait engueuler comme un gosse par une vieille mégère scrutatrice pour avoir simplement fait la remarque suivante, un soir de 2007, devant l’école maternelle grimée en bureaux de vote : « J’espère que cet enculé de Sarkozy va pas être élu, parce que ça me ferait mal au cul d’avoir voté Ségolène pour rien… »

Toujours est-il que les résultats de ces cantonales écartèlent – pour mon plus grand plaisir sadique — les membres de l’UMP. Ils ont le cul entre deux chaises, l’abstention d’un côté et le vote républicain de l’autre, avec Marine au milieu, prête à leur enfoncer le godemichet représentant 15 % des suffrages exprimés. Même le divorce est consommé entre Sarko et Fillon. Le premier joue l’ambiguïté pour laisser le choix aux électeurs de voter blanc ou Lepen, pendant que le second demande à faire barrage à la flamme bleue Marine, blanche de peau, et rouge sang quatre jours par mois.

En 2003, une proposition de loi tendant à comptabiliser le vote blanc comme suffrage exprimé avait passé le cap du vote aux deux assemblées, sans jamais être promulguée à ma connaissance. Peut-être serait-il temps de voir si parmi la quantité grandissante des sans voix, dont je fais malheureusement parti depuis ce jour funeste de 2007, et après avoir été forcé de voter à droite en 2002 lors de ma première prise d’opinion officielle, peut-être faudrait-il discerner ceux qui se taisent parce qu’ils s’en foutent et ceux qui ne l’ouvrent pas pour contester l’offre politique. Si cette loi vient à être appliquée, et que les incurables abstentionnistes ne se convertissent pas en blanchisseurs d’expression publique, je fermerai une bonne fois pour toutes ma gueule faute d’avoir quelque chose à y redire.

A bons électeurs et bonnes électrices, votez pour moi, et surtout, votez pour vous.

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