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jeudi 15 mars 2012

La parano raque.

Bonjour à tous.
Qu'est qu'il a à me fixer comme ça celui-là? Il veut une photo dédicacée? Nan, je ne jouis malheureusement d'aucune célébrité qui ne vaille l'apposition d'une paraphe sur mon portrait. Et puis ça gueule ne me dit rien! Pourtant je suis physionomiste au point de reconnaître sans encombre des imbéciles qui ne rappellent même pas m'avoir croisé. Ou alors c'est qu'ils ne veulent pas s'en rappeler. Étrange tout de même, moi qui suis si charmant et sociable.
Je me souviens d'ailleurs d'une soirée limousine où, passablement éméché, j'avais alpagué une adorable étudiante croisée quelques jours plus tôt dans les couloirs de l'Université. Nous nous étions souris poliment à ce moment là car elle m'avait légèrement caresser l'épaule de son sac à main en courant vers un cours improbable de chimie organique. Que croyez-vous que je fis au moment de cette seconde fois que mon regard croisa le sien, j'ai fait comme n'importe quel mâle cherchant à séduire un objet de désir! Je me suis mis à lui débiter son nom, son prénom, son adresse, celle de ses parents, son emploi du temps et la fréquence de ses selles depuis notre premier échange, tout ce qu'il y a de plus normal quoi! Eh bien vous ne croirez jamais mais elle a trouvé cela flippant, au point de demander au vigile du bar de me foutre à la porte, ce que le gorille au mains disproportionnée prit un malin plaisir à exécuter. M'étonne pas de sa part, j'aurais parié que cette brute épaisse me prendrait à parti rien qu'à la façon qu'il avait eu de me dire "Bonsoir monsieur." de sa voix outrageusement grave. Son regard aussi, noir, suspicieux, arrogant, un peu comme celui de l'autre là qui ne me lâche pas la rétine depuis que je suis monté dans ce bus. Bon sang mais qu'est ce qu'il me veut? Et mon arrêt qui approche, bien sûr! Qu'est ce que je fais? Je descend au suivant? Je vais jusqu'au terminus? Malheur! Si il descend au dernier arrêt, je vais devoir supporter son regard glacial pendant tout le restant de la ligne, à supposer qu'il ne me suive pas. Et si jamais il descendait au même que moi, quelle réaction adopter? Devrais-je l'ignorer? Faire comme si sa présence n'avait pas la moindre espèce d'importance? Assurément, cette manœuvre ne saurait le duper. Ça fait vingt minutes que nous dansons un tango oculaire et je pense qu'il verrait clair dans mon jeu. Alors quoi? Me mettre à courir comme un dératé sitôt le pied posé hors du bus? Et si cet enfoiré était un ancien champion du monde de 100m? C'est possible n'est-ce pas?
Allons... Reprend ton calme mon garçon. Fait comme le docteur t'a dit. Inspire profondément, ferme les yeux, avale une des pastilles à la menthe qu'il t'a prescrit et compte jusqu'à dix.
Un.
Bizarre quand même, elles n'ont pas du tout le goût des Valda, ni des Ricola et encore moins des Vichy ses pastilles.
Deux.
Et puis on ne les suce pas, c'est étrange quand même. Comment font-elle pour rafraîchir l'haleine?
Trois.
Elles doivent être spéciales. Le docteur m'a dit qu'elle venait d'un coin de Suisse, comment c'était déjà?
Quatre.
La vallée de l'Ium, c'est ça! Ha ça je lui ai dit au doc, plus de comprimés chimique rien que du naturel!
Cinq.
Le pauvre d'ailleurs, il a toujours l'air claqué quand je me rend à son cabinet lors de mes visites quotidiennes.
Six.
En même temps, il a des problèmes avec sa femme qui lui reproche qu'un de ses patients complètement dingue les observe à longueur de temps.
Sept.
Je le sais car j'étais là, à genoux, l'oreille collée à la porte de leur chambre à coucher quand ils ont eu cette discussion.
Huit.
Ben oui, vous ne pensiez pas que j'allais faire confiance au premier praticien venu sans savoir un minimum de quoi il retourne.
Neuf.
Le plus dur, ça a été d'amadouer leur chien à coup de pelle. Il avait un de ses regards!
Dix.
Un peu comme celui du type qui me fixe depuis tout à l'heure. Sauf que son chien à lui, le tirailleur à l'iris affuté, il a un sorte de poignée sur le dos qu'il n'a pas lâché depuis qu'il est entré dans le bus. Et puis cette canne blanche, je suis sûr qu'il cache un fleuret à l'intérieur...
Bon allez, ouvre les yeux, un peu de courage mon garçon.
Tiens, mon bourreau a disparu. Pauvre de moi! Je suis certain qu'il sait où j'habite. La preuve, par sa faute, j'ai loupé mon arrêt, et en plus il pleut. Chienne de vie, je vous jure.
A bon électeur, salut!

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