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dimanche 21 mars 2010

C'est quand même bien foutu.


Boulevard Carnot, je regarde d'un œil distrait par la fenêtre d'un bus qui devait me conduire vers je ne sais quel arracheur de dents assermenté censé me soulager d'une douleur qui me tenait depuis que j'avais tenté d'arracher le soutien-gorge d'une pulpeuse créature un soir de rut orgiaque suivant une déplorante défaite électorale de l'UMP, c'est dire si ce début de chronique nage dans la fiction la
plus improbable.
Bref, du bus, j'observais la vie morne de mes contemporains quand mon regard, aiguisé par des années de reluquage dans les escalators : "Mais non mademoiselle à mini-jupe, je vous en prie passez devant.", capte un décor qui résume assez bien le quotidien de pas mal de monde.
Le long de la route se juxtaposaient un lycée, une agence ANPE, une banque, une agence immobilière, une banque, une crèche, un cabinet d'avocat, une banque, une agence d'intérim, un huissier, et pour finir un clodo en train de faire la manche.
Je me suis dit, les mecs ont tout compris.
L'adolescent quitte l'école, son bac en poche, file à l'ANPE chercher du boulot, finit par en trouver un, ouvre un compte pour y déposer ses deniers, après une demi-vie de labeur se paye un appart moche en centre ville, contacte la banque suivante pour y emprunter l'argent qu'il ne gagnera jamais pour acheter son nid d'amour, se rend à la crèche, y dépose les enfants qu'il n'aurait jamais dû faire, entre dans le cabinet d'avocat pour décider de la séparation des biens suivant son divorce, passe le seuil d'une troisième banque pour y emprunter de quoi rembourser son prêt à la seconde, cherche un nouveau boulot après s'être fait licencier pour faute grave (il avait oublié d'éteindre la lumière en débauchant à 21H), passe chez l'huissier pour qu'il le débarrasse de tout le confort matériel qu'il utilise mais qu'il ne possède pas pour le rendre aux trois banques et il finit à la rue.
Pratique, me dis-je, une rue, une vie.
Heureusement j'habite une ville où les rues ont autant de chance d'être droites que mon auguste personne n'a de probabilité de gagner le prix Goncourt, ainsi, chacun peut à loisir bifurquer quand le chemin devient hasardeux, mais quoi qu'il arrive, toutes les routes ne mènent qu'à un seul et même endroit : le cimetière.

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